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(À toi, belle Julie)
par François Brooks
La vendre chèrement à qui veut l'acheter
La cacher, comme quelque chose d'obscène
La rançonner, comme un bien chèrement acquis
L'admirer à travers les yeux de ceux qui te la renvoient
L'ignorer, comme si cette « chose » ne t'appartenait pas
En jouir au max. pendant qu'il en est encore temps
L'offrir aux admirateurs qui la croient inaccessible
La nier, comme un accessoire encombrant
L'échanger contre ce que tu convoites
L'oublier, comme si elle n'existait pas
L'explorer, comme une clef qui t'ouvre toutes les portes
La conserver pour qu'elle dure longtemps
La questionner, comme un mystère insondable
En faire une arme redoutable pour te venger de Dieu sait quoi
La tendre à ma main qui sait toucher le sacré
L'augmenter, comme une fortune insuffisante
L'aimer, comme un enfant précieux qu'on risque de perdre
La reproduire, comme la nature te le commande
En jouer, comme un cupidon pyromane qui ne cesse d'enflammer les cœurs pour qui elle est inaccessible
La détruire, comme une compagne insupportable
Ou l'observer, comme une bête étrange qui te suit partout où tu vas ?
Je voudrais tellement que tu me la prêtes un moment, comme la dernière cigarette du condamné qui n'aura plus jamais l'occasion de s'enflammer...
Mais quelle est-elle, cette beauté qui n'est rien dans ta solitude et qui ne cesse d'apparaître avec la présence des autres?
Pourquoi m'émeut-elle tant cette beauté que je vois en toi et qui est là comme si elle m'appartenait?