000308
par François Brooks
Oh! Un message!
Je suis heureux de m'apercevoir qu'on m'estime : on pense à moi puisqu'on prend la peine de m'envoyer un message.
Comment mon correspondant a-t-il déformé ma pensée?
Je lis sa lettre et je suis déçu de m'apercevoir que je n'ai pas été compris.
Pourquoi ne m'a-t-il pas compris?
Ceci m'amène à un sentiment d'angoisse (je ne suis pas aimé) que je transforme en curiosité. Je sais que mes mots dans sa tête prennent une signification qui ne m'appartient plus. Je le lis attentivement pour lui donner ce qu'il ne me donne pas : de la compréhension. Je transforme volontairement mon angoisse en curiosité.
Que dois-je en penser?
Une fois bien lue et relue, la lettre qu'on m'a envoyée me laisse perplexe. Je ne sais pas quoi penser de cette incompréhension. Cette lettre me semble étrangère. Je la mets alors de côté et je médite sur ses possibles significations.
J'ai trouvé!
Après quelques jours, je finis par lui trouver une signification qui me satisfait. C'est alors que s'élabore une réponse dans mon esprit.
Comment répondre?
Mon premier sentiment est d'expliquer pour que l'autre comprenne mais c'est ici que je frappe un mur : pourquoi ai-je tant besoin que l'autre comprenne à ma façon? Et puis d'abord, qu'est-ce que je veux vraiment dire?
Communiquer...
Quand je rédige ma réponse, je relis toujours mon texte en prenant la position du correspondant. Je teste pour savoir si la communication passe. Si c'était moi qui recevais cette lettre, serait-elle claire, logique, me sentirais-je aimé (pas nécessairement flatté) en la lisant? Que lui manque-t-il pour faire passer mon amitié? Futée ou banale, une conversation ne sert jamais tellement à dire autre chose que « je t'aime » ; ce message passe-t-il?
Alea jacta est!
J'envoie ma réponse en me croisant les doigts pour que celle-ci soit un témoin d'amour et de rapprochement. Ça ne marche malheureusement pas toujours. Mon correspondant se blesse parfois avec mes mots.