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par François Brooks
Nos ministres mettent leurs têtes sur la bûche tous les quatre ans dans notre pays démocratique. Nous pouvons ainsi faire la Révolution en votant leur congédiement. Dans cette perspective, nos dirigeants sont véritablement de saints martyrs. Mais cette petite Révolution ne permet pas de changer le système de pouvoir puisqu'on va réélire d'autres ministres pour les remplacer ; lesquels risqueront leur têtes à nouveau.
Le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout dans un peuple ou le principe de l'amour et de la responsabilité rend adulte chaque citoyen qui fait son devoir avec tolérance. Dès lors, aucune intervention autoritaire n'est nécessaire et le roi, comme en Angleterre, ne sert plus qu'à symboliser une autorité divine bienveillante.
Ainsi en est-il pour toute personne qui tient figure d'autorité. N'est-ce pas, en partie du moins, la teneur de la Bonne Nouvelle qu'a voulu répandre le Christianisme? Au Québec, avec la Révolution Tranquille, n'a-t-on pas répété la Révolution française en balayant l'Église Catholique de notre quotidien et le pouvoir autoritaire insupportable qu'elle nous imposait? Nous l'avons remplacée par des « religions à la carte » et un mouvement de « croissance personnelle » qui servent les intérêts de petits groupes. Une religion forte au service d'un groupe a été remplacée par une spiritualité faible au service de l'individu. Dès lors, doit-on s'étonner que ce nombrilisme ait donné une société fragmentée ou le divorce, les famille éclatées, le travail précaire et les amis de passage soient devenus notre lot commun? N'avons-nous pas jeté le bébé avec l'eau du bain?
J'en viens parfois à penser (qui l'aurait cru?) que l'amélioration de ma propre vie et de la société dont je fais partie devra passer un jour ou l'autre par le chemin de la pratique religieuse. Comment pourrais-je faire le pas entre la soumission rébarbative qu'elle m'inspire et la réunion communautaire à laquelle j'aspire?