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Le tyran sacrifié

par François Brooks

Le roi ou le chef d'état sacrifie sa vie au profit de la paix et de l'ordre social. S'il n'y avait pas de chef d'État, pour trancher les litiges, nous vivrions dans un état de guerre permanent.

Le roi accepte de supporter la haine de ceux contre qui son jugement va porter au risque de sa vie, Voilà pourquoi il est vénérable et mérite tout notre respect, mieux, notre adoration. Ce roi risque, pour avoir pris part dans un conflit, d'être tué par celui qu'il a défavorisé. Ce dernier va, de façon légitime, chercher vengeance. C'est pourquoi le roi a besoin en permanence d'une garde pour le protéger. Il ne peut vivre dans le peuple, utiliser les transports en commun ou faire son épicerie comme tout le monde, alors que le simple citoyen peut vaquer tranquillement à ses affaires sans être inquiété.

Être roi est un métier dangereux, on le déteste parce qu'il a un pouvoir qu'on lui envie mais rare sont ceux qui accepteraient d'être si détestés en échange de ce pouvoir.

Chaque représentant de l'ordre social ou de l'autorité, qu'il soit père de famille, patron, enseignant, policier, juge ou ministre est à sa façon une sorte de roi sacrifié qui mérite notre respect. Que Dieu les inspire dans leurs décisions afin qu'ils ne se laissent pas aller à leurs penchants humains. Qu'ils restent justes dans leur tyrannie et permettent la meilleure harmonie possible dans notre société.

Je fais cette prière autant pour que l'harmonie sociale s'installe, que pour qu'ils ne soient jamais détestés au point que nous refassions la Révolution française, et que nous leur coupions la tête à nouveau. Voilà la menace qui pèse sur eux. C'est à se demander qui de nous ou d'eux sont les tyrans.

Les rois sont des tyrans tyrannisés, sacrifiés sur l'autel de la paix sociale, et par extension, toute personne qui occupe une position d'autorité est à mes yeux une forme de roi au service de la cause qu'elle sert. Un roi dont j'ai trop souvent voulu couper la tête sans comprendre que ses gaucheries humaines cachent ses bonnes intentions.