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par François Brooks
En furetant ici et là sur l'Internet, je suis tombé sur toutes sortes de sites personnels parfois très sympathiques. Ça m'a donné le goût de me donner à moi aussi une « cyber-existence ».
Il semble que la mode actuelle nous attire vers ça ...
Depuis que je suis tout petit, je n'ai cessé de travailler pour qu'on me dise que j'existe. Quand j'étais bébé, mes sourires provoquaient des réactions chez ma mère : preuve de mon existence. Ensuite, à l'école, mes efforts (ou paresses) scolaires m'apportaient l'attention de mes enseignants ; j'accédais maintenant à une existence élargie, mais ô combien exigeante! Plus tard, une jeune femme de quinze ans me mettait au monde en faisant l'amour avec moi ; c'est jusqu'ici, je crois, le type d'existence le plus gratifiant que j'aie connu. Le monde du travail allait m'apporter une existence variée : avant d'être électricien, je fus magasinier, libraire, fabricant de meubles, technicien de son, dessinateur, auto-constructeur, etc. ... Rendu à 45 ans, sur la pente descendante biologique (encore douce, Dieu merci!), je travaille maintenant à acquérir une existence intellectuelle. J'ai écrit près de deux cents textes qui, à la manière d'un journal personnel racontent mes pérégrinations mentales. Mais le monde intellectuel est un des plus difficiles à percer : on ne vous accorde l'existence souvent qu'après votre mort biologique.
Les modes variées qu'on nous propose, ne sont-elles pas là pour nous inviter à exister? C'est par les vêtements que je porte, le véhicule qui me transporte et mes habitudes de consommation que je me pose comme existant, que je suis reconnu. Je veux exister pour les autres, je veux paraître, je veux que l'on m'aime ou qu'on me déteste mais par dessus tout, sortez-moi du néant!
Le 13è étage, La matrice et Ouvre les yeux sont trois films que je vous recommande fortement. Ils m'ont fait voir comment le désir d'exister peut maintenant trouver une nouvelle façon de se satisfaire : par l'existence cybernétique. J'ai maintenant la mienne que je vous invite à partager. Venez me rencontrer, moi et mes amis, à l'adresse suivante : www.philo5.com . Et, S. V. P., ne manquez pas de me laisser une trace de votre passage : accédez à l'existence à votre tour : écrivez-moi.