2020-09-27 |
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Valeur de l'utérus [1] |
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Bien que la Terre, et toutes les créatures inférieures soient communes à tous les hommes, cependant chacun d'eux est propriétaire de sa propre personne. Sur elle, nul n'a de droit sauf lui-même. John Locke, Deuxième traité du gouvernement civil (§ V, 27), 1690 (Commentaire adressé à : Le Charbonneur, MON AVIS SUR LE FEMINISME) Je réfléchis depuis 25 ans sur le sujet. J'ai aussi souligné dans mes textes les incohérences que vous soulevez dans les discours féministes ambiants depuis tant d'années. Votre argumentation est bien ficelée. Bravo ! Par contre, il y a une revendication que l'on voit rarement apparaître dans le débat public, et qui pourtant me semblerait légitime. La voici. En termes économiques, la femme est la seule à produire une ressource indispensable. Son utérus fabrique toute la main d'oeuvre dont la société a besoin pour se renouveler, se maintenir et prospérer. Elle ne touche pourtant aucun salaire pour la location de son corps en tant que ressource naturelle nécessaire et indispensable. Ceci est un désavantage corporel évident par rapport aux hommes. Dans une société basée sur le profit à partir de la transformation des matières premières en biens rentables, ne serait-il pas juste de verser à toute femme qui met un bébé au monde une compensation monétaire équitable ? Non seulement les allocations familiales actuelles et les congés payés de maternité ne suffisent pas à couvrir tous les coûts et pertes, mais je pense aussi à un paiement qui couvrirait non seulement les frais de la mise au monde et de l'éducation, mais aussi un certain bénéfice financier en rapport au retour sur l'investissement pour la fabrication — à terme — d'un payeur-euse de taxes. En ce sens, le pays ne profite-t-il pas des femmes injustement ? Vous avez bien montré que la revendication pour l'égalité conduit à une forme de tyrannie dictatoriale inacceptable. Mais je ne peux rejeter du revers de la main toutes les femmes qui ont le sentiment de se faire avoir quelque part parce qu'elles sont des femmes, et donc des pondeuses de main d'oeuvre. Nous savons que le principal bienfait du féminisme sera, à terme, d'avoir détourné les femmes de leur fonction reproductrice. Ceci était vital pour ralentir l'explosion démographique qui menace la planète. Mais, en les éduquant et en les faisant entrer massivement sur le marché du travail, nous leur avons montré les bénéfices de la liberté par l'enrichissement. N'auraient-elles pas raison maintenant d'exiger une part conséquente du bénéfice monétaire qu'elles produisent puisqu'elles sont propriétaires de leurs corps, et qu'elles sont équipées de l'appareil reproducteur nécessaire à fabriquer la seule ressource que l'humanité est encore impuissante à faire naître autrement ? J'ouvre ici une boîte de Pandore, je le sais. On se demandera pourquoi les payer pour enfanter alors qu'elles le font volontiers gratuitement. Mais pourquoi le faire gratuitement ? Y aura-t-il une grève des utérus ? N'est-ce pas ce que certaines font déjà en avortant ? Esquiverons-nous l'inconvénient en procédant à l'immigration massive ? Qu'en serait-il alors de l'identité culturelle d'un pays ? Devrons-nous accélérer les recherches pour la procréation artificielle ? Mais alors, y aura-t-il compétition des prix dans la gestation pour autrui ? Les femmes choisiront-elles un jour d'engendrer par d'autres moyens que leur propre corps ? Sommes-nous au seuil de la prolifération du métier de mère porteuse ? De nombreux débats passionnants surgissent. En réduisant le féminisme à ses revendications extravagantes, on peut clore le bec aux tapageuses incohérentes qui occupent le devant de la scène. Mais, après 60 ans de réajustements continuels visant à égaliser le statut de la femme et de l'homme, il subsiste toujours une certaine hargne chez nos compagnes. Se pourrait-il que ce ressentiment soit légitime, mais tout simplement mal adressé ? Se pourrait-il que la revendication pour l'accès à l'égalité aboutisse en soi à une injustice parce qu'elles remplissent une tâche sociale exclusive et coûteuse pour laquelle cette revendication d'égalité passe justement à côté de l'essentiel ? L'amour qui s'échange entre la mère et l'enfant suffit-il en guise de salaire ? Les femmes enfantent par amour à l'avantage d'un monde qui en tire profit sans contrepartie monétaire équitable. Le féminisme ne devrait-il donc pas plutôt exiger compensation pour une inégalité de fait, fondamentale et irréductible, qui les désavantage dans un monde concurrentiel basé sur la productivité, le profit et la croissance économique ? Bref, en exigeant l'égalité, le féminisme s'aveugle avec l'horizon masculin indépassable, alors qu'il n'aurait qu'à exploiter l'inégalité de la femme à son avantage. Qu'en pensez-vous ? |
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[1] Commentaire adressé à : Le Charbonneur, MON AVIS SUR LE FEMINISME
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