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Scandale des fausses statistiques ministérielles sur la violence conjugale au Québec

par François Brooks

Lettre ouverte au groupe de recherche de L'Après-rupture sur le Scandale des fausses statistiques du ministère de la Santé et des services sociaux du Québec sur la violence conjugale. (Cliquer ici pour télécharger le rapport)

20 décembre 2008

Bonjour MM Jean-Pierre Gagnon et Jean-Claude Boucher

J'ai déjà reçu votre rapport Scandale des fausses statistiques du MSSS... sur la violence conjugale depuis quelque temps. Je vous dois mes félicitations pour l'avoir mené à terme. Il y a longtemps que j'attends une analyse aussi bien argumentée. Bravo l'équipe!

Je résume d'abord en 9 points le message que j'ai compris :

  1. Il existe de la violence conjugale au Québec.

  2. L'incidence de celle-ci est asexuée.

  3. À peu près seule la violence des hommes envers les femmes est reconnue.

  4. Les femmes reçoivent la presque totalité de l'aide sociale en regard de ce problème.

  5. Les hommes ont aussi des problèmes pour lesquels ils ont besoin de ressources.

  6. L'inflation et la distorsion médiatique de la violence conjugale envers les femmes a permis depuis plus de 25 ans aux lobbys féministes de se voir octroyer la presque totalité des subventions d'aide pour les besoins spécifiques des femmes.

  7. Une enquête préliminaire permet de conclure que l'argent est mal utilisé ou détournée vers de faux besoins et peut-être même frauduleusement. Une enquête publique approfondie est réclamée.

  8. Les hommes en situation de crise auraient besoin aussi de subvention pour aider et développer les organismes qui s'en occupent.

  9. Les subventions qui ne servent pas aux réels besoins des femmes doivent être redirigées et investies pour aider les hommes en besoin et rétablir un équilibre entre les ressources attribuées aux deux sexes.

 Bref, le rapport se résume à ceci :

Le féminisme est un pouvoir politique avec son agenda spécifique qui refuse de reconnaître les besoins des hommes (ce n'est d'ailleurs pas son mandat). L'égalitarisme militant des débuts s'est transformé en militantisme pro-femmes et a donné lieu à des situations abusives voire frauduleuses. La violence conjugales et les problèmes psychosociaux créés par ce mouvement politique (démantèlement de la famille, mutation sociale etc.) cause des problèmes aussi aux hommes qui ont besoin d'un véritable égalitarisme politique pour bénéficier de l'aide nécessaire en situation de crise.

Votre rapport va dans le sens du Rapport Rondeau mais il prend un ton tout à fait différent. Il a ceci de particulier qu'il dénonce, preuves à l'appui, l'arnaque des fausses statistiques, notamment celle des 300 000 femmes battues. Il démontre que non seulement l'aide aux hommes est presque inexistante mais que des organismes féminins, appuyés par les lobbys féministes, obtiennent ainsi de généreuses subventions en entretenant médiatiquement une image démesurée de la femme violentée au Québec très loin de la réalité. Sa force tient dans la solidité de sa documentation et ses références. Bien que certains sonnent l'alarme depuis très longtemps ― dont Roch Côté en 1990 ―  jamais on avait étayé ces faits en réunissant une telle documentation pour le démontrer avec autant d'évidences.

Ceci dit, puis-je me permettre de vous poser les questions que ce rapport suscite en moi?

Premièrement, j'ai un problème de lecture. Je comprends que ce genre de travail nécessite cette forme pour gagner en crédibilité mais je me demande s'il ne serait pas possible de le condenser en un maximum de 20 pages. Avec l'attention générale restreinte du public à la lecture, j'ai peur qu'il ne soit pas assez lu. Peut-être contient-il quelques redondances qui pourraient être condensées ou pourrait-on résumer certains détails? Si on vous donnait 15 minutes du temps précieux de la Gouverneure du Canada, comment feriez-vous pour cerner rapidement le problème sans l'ennuyer? (Quitte à lui remettre le document complet en la laissant y réfléchir...)

 Deuxièmement, je comprends et partage l'indignation des auteurs devant un tel scandale dont nous souffrons tous en tant que société depuis plus de 25  ans, mais je me demande à quel type de participation un tel document invite-t-il le lecteur? Comme on lui suggère ce qu'il doit en penser, lui reste-t-il suffisamment d'espace de réflexion pour le motiver à s'engager ou dira-t-il : « C'est très bien. Maintenant je sais que l'arnaque est découverte, ces gens de L'Après-Rupture me semblent biens armés pour s'engager dans le combat. Bravo! Allez-y les gars! » Est-ce uniquement de cette participation passive dont on a besoin? Comment obtenir plus qu'un applaudissement? Pourrions-nous faire de ce rapport un appel à la participation active? En quoi motive-t-il le lecteur à prendre action? Quels moyens lui propose-t-on pour mettre l'épaule à la roue? Le ton utilisé est-il rassembleur? Bref, quelle participation générale pensez-vous susciter?

 Troisièmement, j'ai pressenti dans votre rapport une prémisse véridique qui pourrait motiver son rapide tablettage (la vérité est une arme gênante). Je me demande comment vous comptez la contourner? Le féminisme et sa surenchère de femmes battues est l'un des nombreux champs où les gouvernements sont incités à investir dans le mécénat ciblé. Langue française, culture, cinéma, livres etc. jouissent au Québec et au Canada de généreuses subventions publiques. Les lobbys ont lu depuis longtemps Propaganda d'Edward Bernays et savent en tirer toutes les ficelles, ce qui n'est évidemment pas notre cas (pas encore, en tout cas). La cause des hommes commence à peine à être entendue et il se pourrait que tout notre travail ne soit que l'opposition nécessaire à redonner de la vigueur au féminisme qui s'essouffle (qui sait l'avenir?). Voilà ma question : devant un régime gouvernemental qui, par son principe même de subventions, peut se faire charrier aussi facilement par d'habiles lobbyistes, n'est-ce pas au principe-même des subventions auquel vous vous attaquez en dénonçant les abus que vous ciblez? Ceci votre rapport n'en dit rien. Quelle est votre position?

 Aurez-vous la candeur de François d'Assise qui arriva à convaincre le pape qu'il faisait fausse route ou celui de Luther qui sut lever l'indignation générale et créer une opposition à l'Église Catholique par un protestantisme toujours vivant? Visez-vous une réforme ou une révolution? Est-elle possible? Quels moyens prendrez-vous pour que votre rapport soit entendu? Comment le présenterez-vous pour que des esprits neutres qui dépendent des généreuses subventions dans tous les domaines choisissent de couper la branche sur laquelle ils sont assis?

 Vous vous attaquez à quelque chose d'immense, de culturel, de machinal, et votre plus grande crédibilité tient peut-être au fait de ne jamais vous être encore nourri de cette main là. Mais quand vous serez subventionné pour aider les hommes en difficulté saurez-vous devenir une référence dans l'utilisation honnête des subventions publiques? Quels mécanismes préconisez-vous pour endiguer à l'avenir de tels déraillements? Peut-être un engagement à ce titre pris dès maintenant vous attirerait-il plus de sympathie et lancerait aux féministes opportunistes le défi dont elles ont besoin pour policer leur propre comportement. Pourquoi ne pas ajouter cet engagement dans votre rapport?

 En fait, le ton de votre rapport est essentiellement accusateur. Ce premier temps est nécessaire, je vous le concède volontiers. J'espère le voir maintenant suivi de propositions correctives. Puisque vous dénoncez l'arnaque ne faudrait-il pas tout de suite proposer des mesures pour qu'elle ne se reproduise plus? Ne faut-il pas aussi annoncer clairement la revendication de partage équitable de l'aide entre les besoins des hommes et ceux des femmes dont ce rapport établit les principes? Élaborer un plan d'aide pour les hommes, demander un partage équitable, des ressources supplémentaires, chiffrer ces demandes etc. Pourquoi ne pas réclamer la création d'un Ministère de l'égalité et l'abolition du Conseil du Statut de la Femme qui n'est justifié que pour la moitié de la population seulement? Ou alors demander l'équilibre et la création d'un Conseil du Statut de l'Homme. Ce rapport porte des accusations graves mais il s'arrête en chemin. Il faut maintenant proposer les mesures correctives concrètes qui s'imposent. Malgré une agressivité évidente il me semble somme toute assez timide dans ses revendications.

 Vous avez su gagner la sympathie de Barbara Key au National Post qui nous assure l'appui médiatique du Canada Anglais. Bravo! Avons-nous un aussi important média de France qui s'intéresse à notre situation? C'est peut-être à partir du regard extérieur que nos féministes ministérielles seront forcées de reconnaître leurs transgressions...

[...]

Bravo pour cet immense travail. Vos commentaires sont bienvenus.

Je vous adresse mes plus cordiales salutations et mes plus joyeux souhaits pour la période des Fêtes qui commence.

François Brooks

Philo5
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