par François Brooks
Échange courriel et appréciations mutuelles. Le courriel initial a été envoyé à Madame Mélissa Blais et Monsieur Francis Dupuis-Déri. Ce dernier a eu la politesse de me répondre.
Bonjour
J'ai lu votre livre Le
mouvement Masculiniste au Québec L'antiféminisme démasqué. Je vous
remercie de l'avoir écrit. Il a le mérite de m'avoir éclairé sur les positions
universitaires les plus actuelles dans le débat féminisme-masculisme. Vous serez
peut être intéressé-e-s à prendre connaissance de cette page où je me suis
permis de publier une réflexion à son sujet :
https://www.philo5.com/Feminisme-Masculisme/080509MouvementMasculinisteAuQuebec.htm.
Auriez-vous l'amabilité de faire connaître l'adresse courrielle de Monsieur Mathieu Jobin ou de lui faire suivre ce courriel. Merci.
Vos commentaires sont les bienvenus.
Cordiales salutations.
François Brooks
Merci pour votre message. Je documente présentement les réactions à notre livre, préparant un document qui les regroupe, y compris la votre et celle de Mario Roy ce matin dans La Presse. Tout cela est très intéressant pour nous. Les auteur-e-s, dont Mathieu Jobin, recevrons un dossier documentant ces réactions, qui évidemment nous confortent dans la justesse de nos analyses.
Félicitation aussi pour votre analyse de Marc Lépine : quand vous dites que « il aurait fallu des femmes pour aimer Lépine, pour le sauver, lui et les quatorze autres de cette idée meurtrière que les féministes ont fait naître [1]», vous proposez la plus belle et la plus explicite déresponsabilisation de la violence meurtrière (masculine ou pas, d'ailleurs) qu'il m'ait été donné de lire. Vous parvenez à blâmer deux fois les cibles : les féministes, qui auraient provoqué sa violence, et les femmes qui ne l'ont pas assez aimé. Au fait, vous connaissiez Lépine, pour parler ainsi de sa vie affective et amoureuse?
Bonne continuation,
francis
Bonjour Monsieur Dupuis-Déry
Merci de votre réaction à ma réflexion sur votre livre Le mouvement Masculiniste au Québec.
Je suis étonné et flatté que vous ayez pris la peine de répondre à cette modeste critique. Je suis doublement flatté que vous la reteniez pour documenter votre prochaine charge contre ce que vous appelez le mouvement masculiniste. Croyez bien que ma seule crainte serait que vous vous dégonfliez. (À cet effet, j'espère que les féministes qui ont cosigné votre livre ne vous laisseront pas occuper seul le devant de la scène. On aimerait bien voir aussi quelques-unes de ces 9 courageuses femmes défendre leur propre cause. Sauf le respect que je vous dois, avouez qu'elles seraient un rien plus légitimées que vous ou Monsieur Jobin de le faire.) Votre articulation de la pensée féministe aide grandement le débat et jamais personne à date n'avait eu ni le courage ni les compétences pour démontrer avec autant de netteté la logique guerrière qui surgit derrière votre féminisme qui, à mon sens, serait mieux nommé fémininisme. (s.v.p. lire le texte Distinguons masculisme et masculinisme).
Vous arriverez peut-être à confirmer la justesse de vos analyses avec d'autres mais je me garderai bien de tomber dans le piège que vous me tendez. Ce piège est illustré à merveille par Quino (s.v.p. lire Les gens sont méchants) et bien documenté en psychologie sous la désignation Effet de halo, mis en évidence par Edward Thorndike en 1920. Je pense que nos croyances personnelles agissent comme des oracles qui prédisent en quelque sorte notre avenir et je voudrais, pour vous comme pour moi et chacun des Québécois et Québécoises, un avenir radieux. Le soleil ne brille-t-il pas pour tout le monde?
N'allez pas croire que mes politesses à votre égard soient feintes. Comme j'ai vu le film Le dernier Samouraï, je sais combien il importe de garder pour son adversaire le plus grand respect. Après tout, n'est-il pas celui qui tient notre destin entre ses mains s'il arrive à nous vaincre, ou qui permet notre mise en valeur si nous arrivons à juguler sa force? D'ailleurs, j'aimerais bien que tous ceux que vous appelez «masculinistes», et qui se laissent appeler ainsi, comprennent qu'il est toujours nuisible, comme vos thèses s'y emploient, de ne laisser aucune porte de sortie à son adversaire. (voir L'art de la guerre de Sun Tzu p.35)
Ceci dit, j'aurais préféré que ce soit l'auteure du chapitre sur votre valeureux Marc Lépine, Madame Mélissa Blais qui m'adresse le commentaire que vous me faites à propos du texte que j'ai commis sur ce malade. Mais peut-être n'aurait-elle pas osé retourner mon maladroit appel à l'amour, en haine de toute les femmes... Au fait, a-t-elle reçu mon courriel?
Je vous remercie de m'avoir donné la réplique dans cette enrichissante réflexion. Mais votre logique haineuse à laquelle nous avait déjà habitué Lise Payette (s.v.p. lire Le féminisme de la haine) n'est pas arrivée à susciter mon adhésion. Je continue à croire que l'amour est un moteur plus puissant que la haine et je souhaite que vous n'arriviez pas à me prouver le contraire mais je reste quand même à votre écoute ; sait-on jamais, peut-être y arriverez-vous. D'autre part, j'en appelle à quiconque voudrait vous mépriser à essayer de comprendre à quel point ceci serait vous donner raison, et par le fait même, (dans une moindre mesure) jouer un rôle analogue à Marc Lépine. Le fait que vous ayez entrepris de défendre votre féminisme pur et dur aide à mettre en relief le fait que les masculismes ne peuvent pas être tous mis dans le même panier, tout comme, non plus, les féminismes n'ont pas tous été que nocifs pour tous les hommes.
Je souhaite sincèrement que votre livre soit un grand succès de librairie. Je considère qu'il est derechef, en féminisme, une référence incontournable et je ferai de mon mieux pour en faire la promotion. En effet, pour s'en défendre efficacement, rien n'est plus utile que de bien connaître les idées que l'on veut combattre. Encore une fois, merci de l'avoir écrit.
Mes plus cordiales salutations.
François Brooks