050201

Comme dans certains pays totalitaires

par Georges Dupuy et François Brooks

 « L'égalité est le mal dont nous mourrons, parce qu'elle n'existe nulle part dans la création ; elle est contraire aux lois du monde et dangereuse comme tout ce qui fait obstacle à l'ordonnance naturelle des choses. »

 Guy de Maupassant, Le Gaulois, 25 juin 1883

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Lettre ouverte de M. Georges Dupuy publiée par l'Après-rupture dans le cadre des auditions publiques (Commission parlementaire) de la Commission des affaires sociales, tenues le 25 janvier 2005 à Québec et intitulées : Vers un nouveau contrat social pour l'égalité entre les femmes et les hommes.

La question de l'égalité entre les hommes et les femmes a suscité l'envoi de 108 mémoires au parlement, un sujet d'intérêt manifeste pour notre société. Mais comment se fait-il qu'après trois jours d'auditions publiques devant la commission parlementaire des affaires sociales sur le sujet, nous ayons entendu 21 associations ou groupes dont un seul, l'Après-rupture, représente des positions masculines : entres autres que les 10 000 hommes en situation de rupture conjugale, innocents et arrêtés chaque année sont marqués à jamais comme dans certains pays totalitaires.

Est-ce que seules les positions féministes doivent être présentées : à savoir que lors du départ à la retraite des baby boomer les postes de gestionnaires libérés devraient être donnés à des femmes, tel que l'ont soutenu plusieurs groupes féministes?

Nous avons remarqué l'Après-rupture parce qu'à part un groupe d'hommes plus féministes que les féministes (et bien connu comme tel), un autre s'occupant des hommes violents et finalement un groupe de gais, les autres étaient des groupes de femmes et de féministes et tous représentaient des valeurs et des positions dans lesquelles la très grande majorité des hommes ne se reconnaissent pas. Où est l'égalité dans ce choix des groupes et associations autorisés à intervenir?

Georges Dupuy,

Laval

gti.inc@sympatico.ca

Coalition pour la défense des droits des hommes du Québec

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Cher M. Dupuy

J'ai lu votre texte « Comme dans certains pays totalitaires » avec intérêt. Je me pose cette question, comme vous : Comment se fait-il que ce genre d'exercice intéresse si peu les hommes qui, de toute évidence, souffrent des problèmes apportés par la vague féministe? On pourrait aussi s'attarder à la question qui en découle immédiatement : Comment peut-on mobiliser les Québécois à militer pour chercher ensemble des solutions aux problèmes que nous posent notre condition d'hommes dans un pays féministe?

Malgré tout le sérieux que le Collectif de L'Après-rupture a mis pour constituer un dossier remarquable et présenter des réalités cuisantes que l'on refuse collectivement d'entendre, pouvions-nous nous attendre à ce que la Commission parlementaire Vers un nouveau contrat social pour l'égalité entre les femmes et les hommes soit autre chose qu'un exercice de monologues multiples? L'inégalité de la distribution des voix ne démontrait-elle pas d'avance que les dés étaient pipés? Peut-être trouvons-nous là une réponse à la première question qui m'est venue à la suite de cet exercice : Comment se fait-il que cet « événement » politique et démocratique fut si peu médiatisé?

Permettez-moi de vous proposer la lecture d'un court texte de Tocqueville, extrait de « De la démocratie en Amérique II » : et tout spécialement son chapitre « Quelle espèce de despotisme les nations démocratiques ont à craindre ». Si, comme moi, vous êtes troublé par la justesse de la vision de ce philosophe, nous serons deux à apercevoir peut-être l'ampleur du problème et le peu d'importance que revêt une vision juste dans une nation gouvernée par un doux despotisme.

À ce sujet, puis-je aussi vous suggérer aussi de lire ce condensé du livre « 99F » de Frédéric Beigbeder. Celui-ci nous livre une réflexion de l'intérieur de la chambre des commandes véritables de ce que nous devenons chaque jour davantage : Homo-consumens téléguidé et sans volonté personnelle. (Beigbeder travaillait dans une agence de publicité lorsqu'il a écrit ce livre.)

Dans ce système, j'estime que les femmes sont tout autant victimes que les hommes, mais peut être faudrait-il s'allier pour chercher notre bonheur commun ailleurs que dans l'exacerbation de nos désirs immédiats.

Imaginons un instant que cette commission parlementaire ait été un exercice véritablement démocratique où des hommes et des femmes, provenant de groupes représentatifs en nombre à peu près égaux soient venus exprimer et écouter les diverses réflexions dans le but d'améliorer notre « vivre ensemble ». Avec les meilleures intentions du monde, ceci aurait-il vraiment changé quelque chose dans ce bain de doux despotisme dans lequel nous vivons? La « Théorie de l'engagement » ne nous démontre-t-elle pas que « seuls les actes nous engagent et non nos idées »? (voir le Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens de Joule et Beauvois)

Je nous vois comme des joueurs au casino sur un Titanic. Nous sommes absorbés par un enjeu sur lequel nous avons misé toute notre fortune. Pour le moment, nous croyons que la seule chose qui importe, c'est notre petite mise personnelle. Le matelot qui vient annoncer que le bateau a frappé un iceberg est vu comme un fait divers de peu d'importance. Nous croyons notre bateau insubmersible, nous pensons donc que seul le jeu qui nous captive a de l'importance. De toute façon, si nous perdons, c'est aussi bien que tout le bateau coule puisque la fortune que nous avons jouée est, plus que notre propre vie, la seule chose à laquelle nous accordions de l'importance.

Où pourrions-nous trouver le stoïcisme nécessaire pour reconnaître que nous faisons fausse route? Si on ne se les avait pas tous mis à dos, quel dieu pourrions-nous encore invoquer? En quel paradis devrions nous croire pour engager toutes nos actions dans un sens rassembleur? Avons-nous besoin d'un nouveau messie? D'une nouvelle guerre générale? D'un cataclysme effroyable? Je voudrais bien répondre NON à ces trois questions et dire que notre sagesse collective nous préservera des déboires où nous conduit notre aveuglement collectif. Mais à voir où vont les cotes d'écoutes dominantes, j'ai bien peur de constater que la seule chose qui soit digne de notre intérêt le plus vif, ce soit effectivement les « nouveaux messies », « les guerres » et « les cataclysmes ». Les manchettes quotidiennes en abreuvent nos yeux avides et nous en jouissons avec la même assiduité que ma vieille tante Laurette achetait son Allô police chaque semaine, elle qui vivait pourtant une vie exemplaire. Sommes-nous vraiment différents des Romains Antiques qui se rendaient au cirque pour se divertir en regardant les autres se battre et mourir?

La lecture que je fais de notre époque n'est pas très encourageante, je vous le concède. Mais devant la défaite imminente, il faut avoir le courage de regarder les débris en face pour essayer de comprendre ce qui nous a mené là. Ensuite peut-être pourra-t-on essayer de trouver le moyen de réparer les dégâts. Il faut aussi reconnaître que chaque époque a été décriée de façon analogue par ses penseurs contemporains. Alors il faut aussi regarder tout ça avec un grain de sel. La vie c'est dangereux. Bon. Et alors!

Je vous remercie M. Dupuy d'avoir suscité en moi cette réflexion.

Mes salutations les plus cordiales.

François Brooks

Philo5
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