par François Brooks
Lettre ouverte à M. Serge Ferrand
Cher Monsieur Ferrand
J'ai vu sur le site « Condition Féminine Canada » un extrait [1] de votre BD, Les vaginocrates, publié pour illustrer un exemple de soi-disant propagande haineuse orchestrée par L'Après-Rupture.
Il me semble que ce soit un cas type de boucle de pensée qui me fait bien rigoler en philosophie et que j'illustre par l'exemple de l'affiche sur laquelle il est écrit : « Interdit d'afficher ». Il s'agit de déterminer qui a le pouvoir de dicter le code moral auquel on doit se conformer, pour qu'ensuite celui-ci soit le seul à détenir le privilège de l'enfreindre en toute immunité.
Au Québec, notre société est régie par une sorte d'Allatoyah féministe qui interdit toute critique du comportement féminin mais encourage fortement une abondante critique des comportements masculins. La femme doit prendre sa place et l'homme doit lui laisser le champ libre. Elle a le droit de reconstruire la société sur un ordre qui lui convient et répondant à ses besoins égotiques. L'homme a le devoir de participer à cette transformation et de se changer lui-même pour fonctionner adéquatement dans ce nouvel ordre social conçu d'abord pour répondre à des impératifs féministes.
Cette propagande a atteint l'extrême limite qui consiste à s'établir comme une dictature qui, pour prendre le pouvoir, a créé une réalité médiatique à laquelle toutes les publications sont tenues de se conformer sous peine de se voir accuser de « propagande haineuse contre toutes les femmes ». Avec ces lunettes extrémistes, (et attention les masculistes de ne pas tomber dans le panneau) bientôt, il ne sera plus permis d'illustrer qui que ce soit sans généraliser la particularité de son comportement à l'ensemble du groupe auquel il appartient. Par exemple, sitôt que l'auteur donne à son personnage un rôle de « méchant », on l'accuse de dénigrer tout le groupe auquel il appartient. Et on peut étendre cette vision à tous les types de groupes possibles : les femmes, les homosexuels, les noirs, les handicapés, les prêtres, et bien sur, les mâles.
Hannah Arendt, brillante philosophe juive, avait mis en évidence les mécanismes qui agissent dans ce phénomène politique et social. Dans le cas qui nous concerne, certains parlent de « féminazisme » et, avec Hannah Arendt, je suis tenté de leur donner raison puisqu'une des caractéristique de ce type de despotisme est qu'il est presque impossible de dénoncer des coupables puisque c'est un mouvement de masse qui le propage. La mémétique explique ceci par une thèse qui démontre que les idées (les mèmes) ont leur vie propre et se servent de nous comme véhicules pour se propager sur le modèle viral.
Le féminisme a transformé notre espace médiatique en champ de bataille où il est devenu difficile de réfléchir sur la place publique sans toujours se référer au modèle qu'elles ont imposé depuis 40 ans. Notre liberté d'expression est menacée : on ne peut plus dire ce que l'on pense. Va-t-on bientôt s'attaquer directement à notre liberté de penser?
Que certaines personnes expriment leur opinion, quelle qu'elle soit, ne m'inquiète guère. Ce qui m'inquiète ici, c'est que ce type d'opinion contamine une institution gouvernementale comme « Condition féminine Canada ». C'est Voltaire qu'on assassine de façon institutionnelle. On s'empare de notre liberté de penser et d'expression pour lui commander de se conformer à la mode dominante, tenant celle-ci comme modèle ultime sacré, incritiquable. On voit le féminisme, qui au départ proposait de donner une place légitime aux femmes, peu à peu se munir de crochets qui assure à ses positions un ancrage qui ne permet plus de le considérer comme un modèle de société parmi d'autres librement choisi par une majorité démocratique. On stoppe ainsi l'évolution pour nous imposer un modèle fixe, dogmatique, le modèle même qu'on s'est tant battu à défendre pour se débarrasser jadis d'un clergé écrasant. C'est la trahison du marxisme de Marx par les communistes soviétiques qui se répète. On a remplacé le Tzar par le Parti Communiste, on remplace l'Église par le Féminisme.
Nous sommes des êtres humains à peine sortis de l'Inquisition. Nous fonctionnons encore sous les mêmes mécanismes cérébraux que nos récents ancêtres du Moyen Âge. Les philosophes des Lumières les ont combattus avec succès mais pour que la lumière brille, il faut travailler à la garder allumée. L'époque me semble investir très peu d'énergie dans cette entreprise.
Au nom de tous ces hommes émasculés par un féminisme castrant, et qui manquent de mots pour exprimer leur mutilation, je salue votre BD Les vaginocrates et votre stoïcisme à la défendre. Merci pour ces couilles que vous nous offrez.
François Brooks
P.S. : Aujourd'hui, la cause d'Éric Lapointe contre son accusatrice Nathalie Lafond nous montre la justesse de votre BD qui dénonce ce que Condition Féminine Canada voudrait protéger [2].
[1]
Extrait du site Condition féminine Canada mis en ligne le 7 nov. 2003.
Page consultée le 19 mai 2008 :
http://www.swc-cfc.gc.ca/cgi-bin/printview.pl?file=/pubs/pubspr/0662882857/200303_0662882857_16_f.html :
L'exemple d'une bande dessinée du groupe l'Après-rupture
Le dénigrement est présent dans la littérature haineuse, au sens de la définition donnée ci-haut, et est abondamment utilisé par les masculinistes. Nous avons repéré plusieurs images ou expressions haineuses servant à définir les femmes et les féministes, et celle illustrée dans la bande dessinée du groupe l'Après-rupture constitue un bon exemple de discrédit :
[...] Malgré cet avertissement, il semble que l'organisme continue à faire du dénigrement de façon systématique. En fait, dans l'exemple cité précédemment, il a plutôt fait valoir que la liberté d'expression était en péril au Québec.
[2] L'ACCUSATRICE D'ÉRIC LAPOINTE CONDAMNÉE
Article mis en ligne sur le site de CKOI 96,9FM, Page consultée le 21 décembre 2004 : http://www.ckoi.com/potins.php?n=3184
La femme qui a faussement accusé le chanteur québécois Éric Lapointe de violence conjugale a écopé d'une peine de 4 mois à purger dans la collectivité. Nathalie Lafond, 35 ans, a reçu sa sentence lundi au Palais de justice de Saint-Jérôme. Rappelons qu'à la fin octobre, Lafond avait faussement accusé le chanteur qui s'était retrouvé derrière les barreaux. Il avait été relâché par la Sûreté du Québec après que l'enquête ait révélé qu'il s'agissait d'un coup monté. Nathalie Lafond souffre de troubles de la personnalité. Lorsqu'elle avait accusé le chanteur, elle s'était elle-même infligé des blessures avec une lampe et des ustensiles pour faire croire en sa culpabilité. Elle s'est engagée à suivre une thérapie à compter du 5 janvier prochain.