2004-05-11 |
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Mirage féministe |
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« Comment faire sauter le couvert de toutes cette manipulation ? Le mensonge féministe existe seulement parce qu'il est très largement financé. Et l'argent appartient aux hommes. Qui y trouve son intérêt en finançant ce mouvement ? C'est une question pour laquelle j'aimerais avoir des réponses. » Gilbert Claes, L'Après-Rupture, 2004. Bonjour Monsieur Claes Quelle question intéressante ! Peut-être même que notre petit combat « Féministe-Masculiste » n'est que de la poudre aux yeux. Depuis que les femmes sont apparues massivement sur le marché du travail, nous savons qu'elles ont occupé au Québec les deux tiers des nouveaux emplois créés entre 1976 et 1995. Nous sommes tous esclaves d'un marché du travail qui a avalé en 35 ans la presque totalité des épouses qui s'employaient autrefois à élever leurs familles à plein temps. Ces femmes, par leur statut honorable, échappaient aux impératifs économiques dont elles sont aujourd'hui prisonnières. J'ai toujours pensé qu'elles se sont fait avoir dans ce « deal de singe ». Si on compte sur le fait qu'il faut qu'elles travaillent en plus pour payer, en impôts, des rentes à ceux qui bénéficient de l'assurance-chômage ou de l'assistance sociale, c'est effroyable. Imaginez ! Elles voyaient jadis leurs enfants s'épanouir sous leurs yeux, à la maison, dans un cadre familial sur lequel elles exerçaient une réelle influence parentale ; le mirage féministe les oblige maintenant à travailler pour faire vivre des gens qu'elles ne connaissent même pas. En plus, leur travail les contraint à faire élever leurs enfants par les autres (garderie, TV, école, etc.) avec de moins en moins de chances de devenir grands-mères puisque leurs filles ne veulent plus enfanter. Si les hommes souffrent du féminisme, doit-on penser que les femmes n'y ont rien perdu ? Je me demande parfois si elles ne sont pas les plus perdantes? L'ensorcellement économique est arrivé à les détourner de leur joie la plus naturelle, celle d'élever une famille, pour leur faire croire en une prétendue autonomie qui les oblige à travailler, payer, payer, s'endetter et payer. Le plus stupéfiant dans tout ça, c'est qu'elles « revendiquent » de vivre la dictature du travail au nom de leur autonomie !!! De Charybde en Scylla, toutes fières de s'être libérées de l'autorité paternelle, elles se sont jetées dans les griffes d'une bête pire encore, et elles ne cessent de s'en plaindre en alimentant leurs anciens fantômes, comme si l'immense malaise qu'elles vivent collectivement pouvait encore provenir des hommes. Qui donc ouvrira les yeux des femmes aux familles décimées ; familles éclatées qu'elles ne cessent d'essayer de « reconstituer » sur les mêmes valeurs trompeuses à chaque nouvelle tentative, et avec encore moins de chance de réussite que la précédente ? J'ai sous les yeux un exemple éloquent. Je connais une femme d'une intelligence exceptionnelle avec qui j'entretiens de très bons rapports. Elle travaille plus de 80 heures par semaine pour payer sa propre maison qui est très belle et très grande, mais, vide : aucun enfant, aucun conjoint. Elle devra travailler à ce rythme pendant encore 25 ans pour finir de la payer ; ensuite, ce sera la retraite et la solitude. Elle veut avoir sa propre maison, à elle, pour pouvoir décider de son organisation sans avoir à tenir compte du compagnon. Lui vit seul et se contente d'aller la visiter de temps en temps pour ne pas trop la déranger dans sa soif d'autonomie. C'est triste à pleurer, fascinant, stupéfiant ! Pourtant, je ne l'ai jamais vue aussi heureuse qu'avec un enfant dans les bras. Comment une personne peut-elle être si détachée de ses sentiments les plus profonds, et investir tant d'énergie à progresser dans un sens opposé à ses réels besoins ; besoins d'amour et de générosité transformés en une sorte d'obésité économique? Il fut un temps où le mariage était un événement somptueux, annonciateur de nouvelles alliances familiales, et où une nouvelle naissance était la fierté d'un père qui pouvait enfin se prolonger en donnant son nom à un fils qu'il aurait le plaisir d'éduquer, et en qui il allait reconnaître les valeurs qu'il tenaient de son propre père. Aujourd'hui le mariage est synonyme d'entreprise périlleuse de laquelle, au mieux, on sortira orphelins de progéniture, et au pire, obligés de payer pour entretenir des enfants qui, aigris de nos naufrages familiaux, nous cracheront au visage leurs propres échecs dans lesquels ils ont pourtant été libres de s'engager sans contraintes. J'avais souligné cet aspect outrageant du féminisme dans mon texte Notre guerre que je vous invite à lire. Vous êtes tenté d'accuser les hommes qui possèdent l'argent, mais il y a des fortunes qui appartiennent aussi à des femmes, ne l'oublions pas. Certains masculistes bien renseignés pourraient peut-être même soutenir la thèse contraire, à savoir qu'il y a davantage de fortunes qui appartiennent ou sont contrôlées par des femmes. Allez savoir. Je ne pense pas que ce soit une affaire de sexe. Le pouvoir est asexué. Quand un être le possède, homme ou femme, il est soumis aux mêmes penchants. Quant à savoir à qui cela profite, c'est une question beaucoup plus large qui, je crois, sort complètement du cadre féministe ou masculiste bien que celui-ci puisse servir de tremplin pour accéder à cette question fondamentale que les chicanes féministes cachent outrageusement. En parlant de l'ensorcellement économique, Frédéric Beigbeder, dans son livre 99 Francs », disait de la publicité : « Aujourd'hui, je sais que rien ne changera, c'est impossible. On ne peut pas lutter contre un adversaire omniprésent, virtuel et indolore. » Mais la douleur se pointe : au-delà du mirage féministe, il y a l'espoir. Hommes et femmes, aurons-nous assez d'amour pour sortir de l'illusion ? Comment briser le cycle des comportements dont l'objectif ne vise qu'à assouvir des petits plaisirs furtifs et pulsionnels, et qui à terme, enverra l'écologie de la planète à la casse ? Comment reprendre notre liberté de décider ce que nous voulons devenir ? Peut-être faudrait-il apprendre à discerner entre les deux libertés, et choisir celle qui fait de nous des devins qui prédisent l'avenir plutôt que celle qui nous transforme en esclaves enchaînés à nos pulsions personnelles, soumis à un destin involontaire. Mais comment les choses peuvent-elle changer si chacun attend que l'autre commence d'abord sa propre transformation ? Et comment ce changement vers une liberté réappropriée pourrait-il être véritable s'il vient de l'extérieur ? Hommes et femmes sont actuellement perdants dans une situation que le féminisme a aidé à installer et que le masculisme cherche maintenant à équilibrer. N'y aurait-il pas un autre projet où les deux pourraient être gagnants ? Merci, Monsieur Claes, d'avoir formulé la question qui a occasionné cette réflexion. Mes plus cordiales salutations.
François Brooks |
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