010816

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par François Brooks

J'étais assis au cinéma l'autre jour subissant les pubs qui précèdent toujours le film et fus intrigué par une pub inhabituelle qui nous présentait des mains mâles caressant lascivement, tour à tour, les mots « SEINS », « FESSES », « CUISSES », et « HANCHES ». C'était le « Ministre de la Morale Publique du Québec » qui nous rappelait de garder les mains dans nos poches quand la caresse n'est pas consentante. Voir des mains caresser des lettres, ça fait bizarre, en effet. Il y a quelque chose de pervers là dedans. Mais cette pub nous coupe d'une partie importante de la réalité : la provocation. Certaines femmes ont de si belles formes et les étalent en public de façon si aguichante que j'ai souvent le sentiment de devoir me faire violence en gardant les mains dans mes poches. Il me semble que le « Ministère des Bonnes Mœurs du Québec » oublie qu'il est naturel de vouloir caresser des parties érogènes étalées de façon provocatrice. Si ce ministère cherchait à être plus efficace, ne devrait-il pas aussi adresser un message aux femmes qui n'en finissent plus de se montrer le plus « caressables » possible? Si je remplaçais ces mots par les vraies « FESSES », « SEINS », « CUISSES » et « HANCHES » des belles femmes qui chaque jour provoquent mes pulsions mâles, cette pub moralisatrice deviendrait tout aussi ridicule que de se refuser un verre d'eau pendant la canicule.

Mais quelle est donc l'intention d'une femme qui affiche une si belle marchandise avec le discours « Interdiction de toucher »? Y a-t-il agression viol ou vol? En fait, j'ai le sentiment, comme nos pères nous le disaient si bien, que ces femmes sont des putes : elles veulent se vendre et nous pouvons toucher seulement si nous consentons à y mettre le prix. Le prix à payer peut se traduire en une multitude de monnaies d'échange, pourvu que la « pute » en question en reconnaisse la valeur : voiture, maison, statut social, troc (beau mec sexy) ou bien sûr, argent déguisé en toutes sortes de cadeaux et privilèges.

Le reportage d'Envoyé spécial présenté le 15 juin à TV5 ayant pour titre « Tournante (ou viol collectif chez les ados) », dénonce des bandes d'adolescents qui se livrent à des viols collectifs. Les jeunes garçons d'éducation musulmane justifient leur « partouse » en dénonçant l'attitude provocatrice des filles qu'ils violent. Ceci paraît d'autant plus pervers que la séance est présentée comme « le chum livrant sa bonde à copuler avec toute sa bande ». Il me semble que cette morale ressemble à celle du « Ministère de l'Agression Sexuelle du Québec » sauf que là-bas, ce sont les femmes qui écopent. Dans un cas, on agresse l'homme et dans l'autre la femme. Et n'allez surtout pas me dire qu'un homme perpétuellement frustré dans ses désirs est un moindre mal que le viol d'une femme. Ça, c'est ce que le lobby féministe voudrait bien nous faire croire.

La voie du respect mutuel est longue et j'ai l'impression qu'au Québec comme en France, nous faisons fausse route en essayant de cacher la moitié du problème pour accuser un seul des deux acteurs nécessaires à l'agression sexuelle. Ne pourrait-on pas aussi présenter une pub complémentaire s'adressant aux femmes pour les enjoindre de ne pas s'habiller de façon à séduire des yeux males pour lesquels elles risquent de ne pas être consentantes?

Cet été, en vacance à Toronto, je me suis surpris à penser que les Torontoises étaient moins belles que les Québécoises. Cette pensée m'intriguait, je voulais savoir pourquoi. Je me suis confronté moi-même. Mais François, me suis-je dit, c'est un peu « raciste » ce jugement que tu portes sur les Torontoises. Pourquoi, dans une population donnée, n'y aurait-il pas, statistiquement parlant, à peu près autant de belles femmes (beauté canon) à Toronto qu'à Montréal?

J'ai ensuite observé les Torontoises plus attentivement. Les jeans sont moins ajustés, les maquillages moins parfaits ou plus souvent absents, les seins moins évidents sous des chandails moins moulants. En fait, j'assistais à la présentation publique de femmes moins aguichantes, pas moins belles. Elles s'habillent de manière à ne pas provoquer. Pour tout dire, je n'ai aucune peine à garder les mains dans mes poches à Toronto alors qu'à Montréal, je suis sans cesse en lutte avec moi-même. Peut être le « Ministère du Garder-Les-Mains-Dans-Vos-Poches du Québec » devrait-il sortir de sa courte vue monoculaire et s'inspirer de la sobriété ontarienne pour nous suggérer des comportements honorables autant aux hommes qu'aux femmes plutôt que, encore et toujours, culpabiliser les hommes d'être ce qu'ils sont : des êtres « provocables ».

Philo5
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