010622

Gordon Sawyer, 33e journée de jeûne

par François Brooks

Quand un père tue sa femme, ses enfants et qu'il se suicide, on dit : « C'était un homme violent, incapable d'exprimer ses sentiments autrement » et on en parle toujours au téléjournal. Quand un homme se suicide en silence, on ne dit rien, on ne pense rien, parce que les médias n'en parlent pas. Ça n'a rien de spectaculaire. Ils ont raison parce qu'ils ne parleraient que de ça. Entre trois et quatre hommes se suicident chaque jour au Québec. Si c'était rapporté chaque fois, il y a longtemps qu'on aurait pensé à faire quelque chose pour eux. Et puis, trois ou quatre hommes de plus ou de moins, quelle importance? Alors que tant de femmes sont dans le besoin... Et puis, un homme qui dirige sa violence sur lui-même en se suicidant nous débarrasse d'un homme violent. N'est-ce pas?

Si vous avez vu le film Le huitième jour, de Jaco Van Dormael, avec Daniel Auteuil, vous allez comprendre de quoi je parle. J'ai éclaté en sanglots (17 ans après mon propre suicide raté) en visionnant la scène où son ex-femme le laisse sur le perron de sa maison, l'empêchant de voir ses enfants pour le punir de ses rendez-vous manqués. Le drame se répète toujours. Dix mille hommes le vivent présentement au Québec et 2 500 se seront suicidés d'ici deux ans nous dit Gordon Sawyer qui est lui-même en train de le faire à petit feu. Il fait la grève de la faim depuis maintenant 33 jours.

La discrimination des institutions à l'endroit des pères séparés ou divorcés est la cause directe du suicide chez les hommes, nous dit-il [1]. Il nous demande d'arrêter le sien en fournissant maintenant les 500 000$ qu'il faut pour construire un centre d'hébergement temporaire pour ces hommes en détresse.

Bien sûr, si c'était pour les femmes, pas de problèmes. Elles l'auraient tout de suite leur subvention. Tout le lobby féministe nous casserait les oreilles avec ça tous les jours au téléjournal. Mais comme le mouvement masculiste n'est pas encore organisé, monsieur Sawyer ne survivra peut-être pas pour le voir ce centre. Il se consolera alors en pensant que ce centre portera son nom en mourrant en silence.

Monsieur ou madame, vous qui pensez que la vie humaine est ce qui est de plus précieux, que feriez-vous pour empêcher la disparition de M. Sawyer et par ricochet, des autres qui vont suivre après lui? Les hommes valent-ils moins la peine qu'on les aide que les femmes? Le magazine L'Actualité du 1er avril 1999 nous présentait un article qui nous révélait que pour élever un enfant au Québec jusqu'à l'âge de 18 ans il n'en coûtait pas moins de 180 000$. Gordon Sawyer nous demande la somme équivalente du coût de trois enfants pour en sauver des centaines. Allons-nous agir avant qu'il soit trop tard? Un petit effort, monsieur le Ministre des Finances! Pensez qu'un homme qu'on arrache au suicide est rentable. J'en suis la preuve vivante : depuis mon suicide raté, il y a 22 ans, je vous ai bien versé 200 000$ en taxes de toutes sortes. Un homme vivant est un homme socialement rentable.

Et puis, pensez aux enfants qui, dit-on, souffrent tant des pères absents. Aidez à stopper le suicide des hommes. [2]


[1] Serge Ferrand, dans son texte du 22 août 2001, Sexisme, vous avez bien dit sexisme?, nous le confirme : « [...] 82 % des mères ont la garde de leurs enfants, 77% des femmes sont responsables des enlèvements, entre 35 et 40% des accusations d'agression sexuelle ou de violence conjugale sont fausses, sur 1500 suicides réussis l'an dernier, 1140 étaient des hommes dont plus de 600 des pères en rupture, soit deux pères par JOUR, plus de 85% des itinérants sont des hommes... » Page consultée le 22 juin 2001 : http://www.oricom.ca/alpe/.

[2] M. Gordon Sawyer a mis fin à son jeûne après 37 jours. Il est heureusement toujours vivant et continue à lutter à l'Office des droits des Pères et hommes conjoints, au 294 rue St-Paul Ouest à Montréal, H2Y 2A3. Tél. : (514) 841-1228.
Site Internet : http://www.droitsdesperes.org/. Merci monsieur Sawyer!

Philo5
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