par François Brooks
Vous avez dans un panel d'invités 9 hommes et une femme. De quoi va nous entretenir la femme? Je vous le donne en mille : de « La Femme », bien sûr. Les hommes vont parler de sujets d'intérêt général, ou du sujet à l'ordre du jour, elle, d'elle-même. Comme si ces dames, depuis l'avènement du féminisme, avaient été atteintes d'une flambée nombriliste qui les empêche d'être universelles. Le plus paradoxal dans tout ça, c'est qu'elles contribuent elles-mêmes à perpétuer l'exclusion de « La Femme » que les féministes ne cessent de dénoncer.
Les comités de femmes ont tendance à créer un ghetto à part qui essaie de nous faire croire qu'en matière de travail, elles ont des besoins propres qui ne concernent pas les hommes. Cela ne crée-t-il pas la division? Si les femmes ont un problème au travail, cela ne concerne-t-il pas les hommes aussi, et vice versa? Chacun ne doit-il pas se sentir concerné par la cause de tous sans exclusion? Les hommes ont su reconnaître ça dès qu'ils ont accepté les comités mixtes. Quand les femmes auront-elles le même courage syndical?
C'est devenu pathétique : chaque fois que j'ouvre un journal engagé, il y a toujours un espace réservé pour un comité exclusivement féminin. Tous les autres comités sont ouverts à des causes concernant les deux sexes, mais au chapitre de la femme, on en voit toujours une qui nous répète par sa présence que la femme n'est pas « égale », qu'elle est un cas à part.
Quand donc les féministes cesseront-elles de s'exclure elles-mêmes et travailleront-elles à la cause de tous?