par François Brooks
Si la vie est une vallée de larmes et que Dieu en est l'auteur, il est donc l'ultime responsable de toute la misère humaine. Ne pouvait-il pas laisser le néant tranquille? En créant toute vie, la naissance et la croissance, il a, du même coup, inventé aussi la dégénérescence et l'agonie.
Fallait-il qu'il s'ennuie pour inventer pareil stratagème : l'univers et la vie! Je comprends maintenant ; le discours vengeur qui cible l'homme patriarche, l'autorité, bref, tout ce qui a la force et la violence de donner la vie. Si cette vie vient qu'à s'étioler, nous en demandons des comptes à l'auteur. Si Dieu donne la vie, nous exigeons aussi des garanties de bonheur et de vie éternelle sinon, Dieu est un monstre.
Et depuis la mort de Dieu [1], gare aux parents! Ce sont eux maintenant les responsables de tous nos malheurs.
Vengeance, vengeance, vengeance! Nous crions vengeance contre nos parents qui nous ont imposé une vie de misère que nous n'avions pas demandée. Tout particulièrement contre les pères, ces derniers boucs émissaires faits à l'image de Dieu qui n'est plus là pour répondre de ses méfaits.
Le roi n'avait qu'à bien se tenir. Nous lui avons coupé la tête [2]. Nous avons effacé Dieu, l'infâme, de notre vie courante. Il reste maintenant à faire disparaître l'homme, ce dernier vestige d'autorité, auteur de nos jours et de nos malheurs.
[1] Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.
[2] Je parle de la Révolution Française, bien entendu.