par François Brooks
Bonjour mon ami.
J'ai passé, hier, en votre compagnie, une excellente soirée chez Louise.
C'est un honneur pour moi que vous ayez manifesté de l'intérêt pour mes écrits. Devant l'absence totale d'intérêt que me montrent actuellement les éditeurs québécois, j'ai souvent l'impression que cet exercice auquel je me livre depuis plusieurs années en est un de pur narcissisme indigne de la moindre valeur marchande. Cependant, lorsque je me relis, j'ai le profond sentiment du contraire. La paix et la sérénité que m'a procurée ce hobby me font croire que je pourrais apporter quelque chose d'important aux autres.
J'ai rencontré aujourd'hui un moine bouddhiste avec qui j'ai eu le privilège de discuter agréablement pendant deux heures. Il m'a trouvé, pour chaque concept philosophique que m'ont appris les quelques philosophes dont nous avons eu le temps de parler, un concept équivalent dans l'enseignement bouddhiste. J'étais transporté de réaliser à quel point le cheminement autodidactique que j'ai effectué auprès des philosophes occidentaux m'avait apporté les outils qui me permettent de jeter des ponts avec une culture qui semble, au premier abord si exotique. J'avais constaté chose semblable avec le Taoïsme et le Confucianisme lors de mon voyage à Taïwan l'année dernière. Les philosophes occidentaux sont une richesse qui dort un peu au fond de notre mémoire, dans les cégeps et les universités. Je m'engage à la réveiller en promouvant la pratique de la « Consultation philosophique ». Mon travail sera énorme, je le sais, mais c'est une passion si enrichissante.
Dans un roman d'Alexandre Jardin, L'île des Gauchers, un médecin, pour soigner ses patients, avait coutume de prescrire la lecture de l'un ou l'autre grand écrivain ou philosophe selon la pathologie qu'il avait à soigner. Une bibliothèque de 158 000 volumes lui servait de pharmacopée dans un sanatorium-bibliothèque. Quelle idée séduisante! Appropriée, peu coûteuse et non toxique, cette prescription s'attarde à soigner l'âme qui a une grande participation dans la maladie du corps qu'elle habite. Il est reconnu scientifiquement aujourd'hui — entre autres, par les travaux d'Henri Laborit (voir le film Mon oncle d'Amérique) — qu'une source importante de nos malaises est d'origine psychosomatique. De plus, nous vivons dans un pays de lettrés ; cette pratique en serait d'autant plus aisée. Votre qualité de docteur en philosophie vous destine peut-être à un avenir que vous n'avez pas encore soupçonné. N'avez-vous jamais pensé jouer un rôle thérapeutique de par votre profession? Est-ce que la philosophie doit rester cantonnée dans les murs du savoir universitaire ou cégépien? Pourquoi cet outil formidable ne pourrait-il pas servir aussi autrement? Il a la modestie de ne pas être sectaire, et la prétention d'être universel. Quel bel outil!
J'espère que mes écrits auront pour vous et votre conjoint l'effet d'un baume guérisseur dans les moments difficiles que vous vivez présentement tous les deux. C'est ma modeste contribution pour vous témoigner que suis de tout cœur avec vous.
À bientôt, j'espère ; je veux dire, quand vous voudrez.