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Hume, habitude et rationalité |
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Hume, Enquête sur l'entendement humain, 1748 Pour les philosophes, l'homme se doit d'être rationnel, mais Hume montre que l'humain est avant tout un être qui règle sa vie et ses raisonnements sur l'habitude. À un point tel qu'il la confond avec la logique. Combien de fois ne pensons-nous pas qu'il est nécessaire qu'un événement se déroule tel que nous avons pris l'habitude de l'observer alors qu'il pourrait, sans enfreindre les lois de la logique, se dérouler autrement ? Comme notre vision tridimensionnelle nous a habitués à estimer la taille d'une personne d'après sa distance, nous pensons que, du couple qui se lance le ballon, celui de droite est plus près de nous. Pourtant, la taille des fenêtres, des murs et des carreaux au sol nous fait croire qu'ils rapetissent lorsqu'ils se déplacent sur la gauche. Cette illusion d'optique confronte nos habitudes de perception. Hume propose l'exemple du lever du soleil. Si nous pensons qu'il est logique de croire que demain, le soleil va se lever, ce n'est pas en vertu d'un raisonnement rationnel, mais plutôt par habitude. Puisque chaque jour de notre vie, nous avons vécu cette expérience, nous sommes certains qu'elle va se reproduire. Mais pourquoi donc cette habitude, pour probable qu'elle soit, n'est pourtant pas nécessaire ? Tout simplement parce qu'il pourrait en être autrement sans enfreindre les lois de la logique. Par exemple, vous pourriez prendre l'avion pour le Pôle Nord en hiver le 21 décembre, et constater que le soleil ne s'est pas levé. Une explication logique vous aiderait à comprendre l'événement, et celle-ci devrait exclure l'argument de l'habitude.
En quoi la rationalité est-elle radicalement différente de l'habitude ? C'est que la logique impose la nécessité, alors que l'habitude rend simplement les événements probables. La logique nous impose de penser que le contraire d'un événement puisse toujours être possible, alors que l'habitude parie toujours sur le probable. Si, par habitude, il est commode de développer des attentes face au monde, la philosophie nous oblige à sortir de nos ornières, et à envisager d'autres possibilités nécessairement inconfortables puisque nous sommes habitués à penser par habitude, et non pas de manière logique et raisonnée ; c'est à dire habitués à ne pas penser. La pensée est un exercice volontaire, énergivore, alors que l'habitude nous dispense de l'effort. Mais, comme pour l'activité physique, ce qui nous apparaît au début comme astreignant, bientôt l'habitude nous le rend facile. |
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