Appréciations 

 

Joaquim

2004-11-04

Psychiatre et psychothérapeute suisse

 

Que de sujets riches et profonds!

 

Cher François !

[À propos de la 54e rencontre de « Philo sans fumée »]

Que de sujets riches et profonds ! Quel vent d'enthousiasme philosophique à travers cette page ! Je regrette vraiment de ne pas pouvoir venir à Montréal. Et pourtant, le vendredi 5, je m'envole pour les Amériques..., mais les autres, celles du Sud, la Patagonie.

Parmi tous ces sujets, il en est un qui m'interpelle particulièrement, c'est celui soulevé par la couverture de Sciences et Vie, approfondi et revisité par F. B. ;) , c'est-à-dire celui du doute systématisé et recyclé en boucle, ne portant plus seulement sur sa cible, mais se prenant aussi lui-même pour cible. On est pris, lorsqu'on laisse son esprit s'abîmer dans ce genre de considérations, par une sorte de vertige, comme si le sol stable se dérobait sous nos pieds, et qu'on restait seul, avec sa vigilance toute nue, sans plus rien qui puisse l'alimenter ni la soutenir. Et on s'approche là de mon thème favori, car cette expérience nous amène en effet, je crois, aux portes de l'éveil. Exercer un doute aussi radical, c'est en effet renoncer à toute certitude, à toute sécurité, et se tenir là simplement, sans plus le moindre contenu de pensée pour meubler ce silence, nu face à l'être. C'est le nihilisme radical dont parle Jaspers, c'est le vide des bouddhistes, qui est autant vide que plein, puisque c'est l'Être, sans contenu, l'Être pur, la pure qualité d'être, celle qui est à la base de nous-même et nous fait communier avec tout, pour peu qu'on renonce à la prison prétentieuse de nos illusions de maîtrise, de pouvoir, de savoir, à tout ce que l'on met entre soi et l'être pour nous en distinguer et assurer notre identité et notre singularité, à tout ce qui nous coupe par là même de notre source et nous enferme notre propre illusion. Je crois bien que l'école du doute est un excellent antidote contre toutes nos illusions, et qu'utilisé sans ménagement il torde le cou à toutes nos sécurités trop confortables.

J'ai vu que vous aviez établi deux nouveaux liens vers mon site à partir de votre page sur Jaspers :) . [...] Je trouve très joli d'ailleurs que ce soit justement ce texte qui soit présent sur chacun de nos deux sites, car c'est le texte où Jaspers parle du nihilisme radical, et je crois que nous nous retrouvons vraiment, au-delà de nos horizons peut-être différents, dans ce point de convergence. Le doute met à nu, mais il n'isole pas pour autant : il retire le superflu, ce qui sépare et protège d'un contact trop direct avec l'être, et s'il est utilisé avec conviction, il rend non seulement libre, comme le dit si bien Jaspers, mais il relie aussi entre eux, dans une même communion d'esprit, les esprit libres.

Je ne vais pas faire plus long, car il faut que je prépare les valises...

Amicalement, et avec mes cordiales salutations à vos convives.

Joaquim

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2004-11-09

Bien le bonjour, M. Joaquim.

Vous trouverez ma réponse sur cette page : Rien d'autre

François Brooks

Philo5
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