Petit Larousse illustré © 1979 et 1998
RHÉTORIQUE n. f. (gr. rhêtorikê)
Art de persuader par le discours.
Ensemble des procédés et des techniques réglant l'art de s'exprimer, (art qui donne les règles du bien-dire).
Péjor. : Affectation, déploiement d'éloquence. Ce n'est que de la rhétorique.
Classe de terminale des lycées en Belgique. (Autrefois, classe de première en France, et au Québec, 6e année du cours classique [2]).
Figure de rhétorique, tournure de style qui rend plus vive l'expression de la pensée.
* * *
On distingue, dans les figures de rhétorique :
1. Les figures de mots, (trope) qui consistent à détourner le sens des mots :
une
allégorie : (gr. allegoria). Expression d'une idée par une image, un
tableau, un être vivant, etc. ; œuvre littéraire ou artistique utilisant
cette forme d'expression : le
« Roman de la Rose », le tableau de Delacroix « La Liberté
guidant le peuple » sont des allégories. Représentation, expression d'une idée par une figure dotée d'attributs
symboliques (dans l'art) ou par le développement continu et rigoureux d'une
métaphore (dans la littérature).
une
antiphrase : Manière de s'exprimer, figure de style, qui consiste à dire le
contraire de ce qu'on pense, par ironie ou euphémisme :
C'est par antiphrase que l'on a surnommé
« Philopator » (qui aime son père) celui des Ptolémées qui fit périr
son père.
une
antonomase : Procédé par lequel un nom propre est pris pour un nom commun (un Harpagon [ou Séraphin] pour un avare) ou par lequel un individu
est désigné par un nom commun (le
Troyen pour Énée), énoncent ainsi sa qualité essentielle, [et réciproquement, la
qualité pour le nommer (l'avare pour Séraphin).
une
catachrèse : (gr. katakhrêsis, abus). Utilisation, souvent involontaire,
d'un mot pour un autre (ex. : confondre
conjoncture et conjecture) ; métaphore
passée dans la langue qui emploie un mot au-delà de son sens strict (ex. :
les pieds d'une table, à cheval sur
un mur).
une
ellipse : Sous-entendu, raccourci dans l'expression de la pensée. –
[LING.]
Fait de syntaxe ou de style qui consiste à omettre un ou plusieurs éléments de
la phrase considérés comme n'étant pas indispensables pour sa
compréhension : ellipse du
sujet, du verbe.
un
euphémisme : (gr. euphêmismos, emploi d'un mot favorable)
Adoucissement d'une expression jugée trop crue, trop choquante. Par euphémisme,
on dit « n'être plus jeune », pour « être vieux » ou « il nous
a quittés » pour « il est mort ».
une
hypallage : (gr. hupallagê , échange)
[STYL. ]
Procédé par lequel on attribue à certains mots d'une phrase ce qui convient à d'autres.
(Ex. :
Ce marchand accoudé sur son comptoir avide
[V. Hugo]. Ou encore : Rendre quelqu'un à la vie
pour rendre la vie à quelqu'un.)
une
inversion : Toute construction par laquelle on donne aux mots un autre ordre que
l'ordre considéré comme normal ou habituel : inversion du sujet dans les phrases interrogatives.
une
métaphore : (gr. metaphora, transport) Procédé par lequel on transporte la
signification propre d'un mot à une autre signification qui ne lui convient
qu'en vertu d'une analogie, d'une comparaison sous-entendue. [Ex. : la lumière
de l'esprit, la fleur de l'âge, brûler de désir, etc.]. – Métaphore morte : métaphore lexicalisée, dont la qualité
figurative et poétique n'est plus ressentie. - Métaphore filée : métaphore
longuement développée par une suite d'associations métonymiques.
une
métonymie : (gr. metônumia, changement de nom) Procédé par lequel un
concept est désigné par un terme désignant un autre concept qui lui est relié
par une relation nécessaire (l'effet par la cause, le contenu par le contenant,
le tout par la partie, etc.). Ex. : il s'est fait refroidir
(tuer); toute la ville dort (les habitants); une fine lame
(escrimeur).
un
pléonasme : (gr. pleonasmos) Répétition de mots dont le sens est
identique, inconsciente (monter en
haut), ou voulue pour donner plus de force à la pensée
(je l'ai vu de mes yeux).
une
régression : (lat. regressio) (1765) Inversion de l'ordre des mots.
[Le Petit Robert].
une
syllepse : (gr. sullêpsis, compréhension)
[GRAMM. ] Accord
des mots dans la phrase selon le sens, et non selon les règles grammaticales.
(Ex. : Une personne [fém.] me disait qu'un jour il [masc.,
puisqu'on parle d'un homme] avait eu une grande joie.)
une
synecdoque : (gr. sunekdokhê , compréhension simultanée) Procédé de style
qui consiste à prendre la partie pour le tout (« payer tant par tête », c'est-à-dire « par personne »), le tout pour la partie (« acheter
un vison » pour « un
manteau fait de la peau de cet animal »), le genre
pour l'espèce, l'espèce pour le genre, etc.
etc.
2. Les figures de pensée, qui consistent en certains tours de pensée indépendants de l'expression :
une
antithèse : Figure de style opposant dans un même énoncé deux mots ou expressions
contraires afin de souligner une idée par effet de contraste. (Ex. : Grand jusque dans les plus petites choses.)
une
apostrophe : Figure de style par laquelle un locuteur s'adresse directement à une
personne, à un animal ou à une chose personnifiée. Ô cendres d'un époux ! ô Troyens ! ô mon père !(Racine) [Le pronom « toi » est en apostrophe dans
l'expression « Toi, viens ici! »]
une
apposition : (lat. appositio) Procédé par lequel un terme (nom, adj.) ou
.une proposition qualifient un nom ou un pronom en leur étant juxtaposés ;
le mot ou la proposition ainsi juxtaposés (Ex. : Paris,
capitale de la France.)
une
énumération : Action d'énoncer successivement les parties d'un tout ; passer
en revue. Énumérer ses griefs.
une
exclamation : 1. Cri de joie, de surprise, d'indignation. 2. Phrase, parfois
réduite à une interjection, exprimant une émotion vive ou un jugement affectif.
une
gradation : Progression par degrés successifs, par valeurs croissantes ou
décroissantes. Gradation des efforts. Disposition de plusieurs mots suivant une progression ascendante ou
descendante : les mots VA,
COURS, VOLE forment une gradation ascendante.
un
hyperbate : (gr. huperbaton, inversion) Figure consistant à
modifier l'ordre habituel des mots d'une phrase. (Ex. : Là coule un clair ruisseau).
une
hyperbole : (gr. huperbolê, excès) Procédé qui consiste à exagérer
l'expression pour produire une forte impression (Ex. : un géant
pour un homme de haute taille [une taille microscopique pour un
petit homme]).
une
interrogation : Demande, question ou ensemble de questions. Répondre à une interrogation.
une
litote : (gr. litotés, simplicité) Figure consistant à dire moins pour faire
entendre plus. (Ex. : Je ne te
hais point pour signifier « je
t'aime ».
une
périphrase : Circonlocution dont on se sert pour exprimer ce qu'on ne veut pas
dire en termes propres. (Ex. : La
messagère du printemps, pour l'hirondelle ;
l'astre de la nuit, pour la Lune.)
une
prosopopée : (gr. prosôpon, personne et poieîn, faire) Procédé par
lequel l'orateur ou l'écrivain prête la parole à des êtres inanimés, à des
morts ou à des absents.
Platon a
fait parler les lois dans une belle prosopopée. [Aujourd'hui, Jésus nous
dit :« Vous êtes sauvés ».]
une
régression : (lat. regressio) (1765) Inversion de l'ordre des mots.
une
répétition : (lat. repetitio) Retour de la même idée, du même mot ;
redite.
une
réticence : (du lat. reticere, taire) 1. Omission volontaire de quelque
chose qu'on devrait ou qu'on pourrait dire. Parler sans réticence. 2. Attitude de quelqu'un qui hésite à
dire sa pensée, à prendre une décision.
etc.
[1]
Définitions tirées du Petit
Larousse illustré, © 1979 et 1998.
Voir le philosophe Gorgias,
et consulter aussi les
152 définitions...
[2] Au Québec, le cours classique d'autrefois, (d'avant la Révolution Tranquille de 1968) comportait huit années de formation :
1re : Éléments latins
2e : Syntaxe
3e : Méthode
4e : Versification
5e : Belles-lettres
6e : Rhétorique
7e : Philosophie 1
8e : Philosophie 2