par Nicolas Langelier
Éditions Les 400 coups © 2008
Tout le monde sait ça, bien sûr, que le temps semble s'accélérer à mesure que l'on vieillit. On frôle ici dangereusement le truisme du type « La neige, c'est froid ». Mais rassurez-vous, je ne ferai pas référence aux fameux « étés qui semblaient interminables, quand on était jeunes » ; j'arrive avec du sérieux. Du scientifique, même.
Une étude réalisée à l'Université de Cincinnati a établi, à l'aide de calculs compliqués, l'ampleur exacte de cette impression d'accélération du temps. Selon ces chercheurs, si vous avez 20 ans, c'est comme si vous aviez déjà écoulé la moitié de votre vie, en termes d'expérience subjective du temps. Et si vous avez 40 ans, vous avez déjà vécu 71 % de votre existence...
L'explication scientifique : notre conscience du temps est intimement liée à la quantité d'informations nouvelles que nous devons assimiler. Plus il y en a, plus le temps passe lentement. C'est ce qui fait, par exemple, qu'après trois jours dans un pays inconnu on a parfois l'impression d'être là depuis une semaine. Ou qu'un déplacement en voiture vers un endroit jamais visité semble toujours plus long à l'aller qu'au retour.
Cela dit, je ne suis pas certain de ce que nous devons faire de tout cela. Devons-nous, pour contrer ce phénomène d'accélération, nous lancer dans les activités susceptibles de nous inonder de nouvelles informations — les voyages, le surf aléatoire sur Wikipédia, l'apprentissage du hongrois? N'est-ce pas plutôt une bonne chose que le temps passe vite, au fond? Il y a sûrement des condamnés à perpétuité qui pourraient nous en convaincre, sans parler de quiconque a assisté à un discours de Gérald Tremblay.
Une chose est sûre, cependant : si vous avez plus de 25 ans, le reste de votre vie va passer très, très vite. « Le temps s'enfuit irréparablement », comme disait l'autre (Virgile, pas Gérald Tremblay) — une autre petite partie de solitaire, en attendant?
[1] Nicolas Langelier, Dix mille choses qui sont vraies - Texte # 9905, Éditions Les 400 coups © 2008, pages 21 et 22.
C'est en 2004 que Nicolas Langelier entreprenait ce projet un peu fou : rédiger 10 000 « choses vraies » qui encapsuleraient en quelques mots un aspect particulier de la vie dans les années 2000, et ce, en restant loin de l'actualité, de la hype, des enflures médiatiques. L'année suivante, la série déménageait dans le quotidien La Presse, où ont été publiés initialement la plupart des textes réunis dans ce livre.
Ces Dix mille choses qui sont vraies sont donc autant de courts textes d'où émergent des vérités, petites et grandes, sur ce que c'est que de travailler, aimer, vivre et survivre au XXIe siècle. Avec perspicacité, sensibilité et humour, l'auteur offre un éclairage unique sur les charmes et les désagréments de notre époque.
Nicolas Langelier est auteur, journaliste indépendant, commentateur culturel et le fondateur du magazine P45. Il collabore a diverses publications (La Presse, Châtelaine, etc.) et émissions de radio et de télévision, dont Christiane Charette, à Radio-Canada. Il est né en 1973, dans l'est de Montréal.
« Pourquoi se reconnaît-on autant dans les choses vraies de Nicolas Langelier? Sans doute une question d'esprit, d'intelligence, de sensibilité toujours parfaitement dosée. Les fins observateurs sociaux qui ont un solide sens de l'humour et n'ont pas peur de ne pas être cyniques se font rares. On serait vraiment trop bête de se passer de ces exquis aphorismes. » Rafaële Germain
« Lire ces Dix mille choses qui sont vraies, c'est s'étonner de la réalité, rire aux éclats, s'émouvoir et reconnaître la beauté de la neige, mais c'est aussi s'insurger. La mort nous pend au bout du nez? Prenons la vie en main. Merci, Nicolas Langelier. » Daniel Pinard