par Olympe de Gouges
Quelques mots sur Olympe de Gouges
Mise en contexte par Emanuèle Gaulier
* * *
Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d'être constituées en assemblée nationale. Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous. En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne.
La Femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptible de la Femme et de l'Homme : ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l'oppression.
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la réunion de la Femme et de l'Homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.
La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.
Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société : tout ce qui n'est pas défendu pas ces lois, sages et divines, ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elles n'ordonnent pas.
La Loi doit être l'expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.
Nulle femme n'est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la Loi. Les femmes obéissent comme les hommes à cette Loi rigoureuse.
La Loi ne doit établir que des peines strictement évidentes et nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée aux femmes.
Toute femme étant déclarée coupable ; toute rigueur est exercée par la Loi.
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la Loi.
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d'un enfant qui vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.
La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de celles à qui elle est confiée.
Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, les contributions de la femme et de l'homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l'industrie.
Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer que par l'admission d'un partage égal, non seulement dans la fortune, mais encore dans l'administration publique, et de déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée de l'impôts.
La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent public, de son administration.
Toute société, dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de constitution ; la constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation, n'a pas coopéré à sa rédaction.
Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés ; elles ont pour chacun un droit lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.
Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. O femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l'homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu'auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du Législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n'est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez vous à répondre. S'ils s'obstinent, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l'énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l'Être Suprême. Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir. Passons maintenant à l'effroyable tableau de ce que vous avez été dans la société ; et puisqu'il est question, en ce moment, d'une éducation nationale, voyons si nos sages Législateurs penseront sainement sur l'éducation des femmes.
Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avait ravi, la ruse leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait pas. Le poison, le fer, tout leur était soumis ; elles commandaient au crime comme à la vertu. Le gouvernement français, surtout, a dépendu, pendant des siècles, de l'administration nocturne des femmes ; le cabinet n'avait point de secret pour leur indiscrétion ; ambassade, commandement, ministère, présidence, pontificat, cardinalat ; enfin tout ce qui caractérise la sottise des hommes, profane et sacré, tout a été soumis à la cupidité et à l'ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la révolution, respectable et méprisé.
[...]
Née à Montauban en 1748, morte à Paris le 6 novembre 1793, Marie Gouzes est issue d'une famille modeste, son père est boucher et sa mère servante. Il semble néanmoins qu'elle serait la fille naturelle du marquis Le Franc de Pompignan. La rumeur publique ira même beaucoup plus loin en laissant entendre qu'elle serait la « bâtarde » de Louis XV. Quand elle est interrogée sur le sujet elle répond : « Je ne suis point fille de roi mais d'une tête couronnée de lauriers. »
En 1765 elle épouse Louis Aubry, officier de bouche de messire de Gourgues. Deux plus tard c'est la naissance de son fils. Après trois années de mariage, ne voulant pas tenir le rôle de bourgeoise de province, elle fuit le domicile conjugal pour aller à Paris.
Elle rêve de célébrité, elle se fabrique un nom à partir du prénom de sa mère et du patronyme « Gourgues » et devient Olympe de Gouges. Femme de lettres prolixe, elle devient la maîtresse de Sébastien Mercier et courtisane à l'occasion.
Ce n'est qu'à partir de la Révolution qu'elle va montrer à quel point elle est en avance sur son temps. Elle est en effet, avec Théroigne de Méricourt et Claire Lacombe l'une des premières féministes.
Elle se lance dans la lutte pour l'égalité des droits. Jusqu'à la fuite de Louis XVI à Varennes, elle se veut royaliste, puis elle change d'avis, pour enfin revenir à ses premières idées et proposer d'aider Malesherbes dans sa défense de Louis XVI.
Olympe de Gouges n'a pas froid aux yeux, ainsi lorsqu'un chroniqueur a la malheureuse idée de ne pas parler d'un de ses ouvrages, tout simplement, elle le provoque en duel !
Mais c'est à partir de 1791 qu'Olympe de Gouges va montrer toute sa grandeur. L'Assemblée constituante produisant une Constitution qui exclut les femmes des droits de cité, Olympe publie un texte qui fait date dans les annales du féminisme originel :
« Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne »
Le préambule adressé à Marie-Antoinette, ainsi que l'article X étaient prémonitoires, vous pourrez le constater en consultant l'intégralité de cette déclaration en cliquant sur le lien ci-dessus.
Elle rédige également des pamphlets contre Marat et Robespierre. Lors du procès de Louis XVI, elle tente de défendre le roi, qu'elle ne juge pas coupable en tant qu'homme mais uniquement comme souverain.
Solidaire des girondins après les journées de mai-juin 1793, elle est accusée d'être l'auteur d'une affiche girondine. Olympe de Gouges est arrêtée le 20 juillet 1793, condamnée à mort et guillotinée le 2 novembre 1793.
Pensez à moi et souvenez-vous de l'action que j'ai menée en faveur des femmes ! Je suis certaine que nous triompherons un jour !
(mise en contexte)
par Emanuèle Gaulier
[Née Marie Gouze, et mariée à Louis-Yves Aubry, au décès de celui-ci,] elle construit son identité en commençant par abandonner le nom de son défunt mari pour choisir celui d'Olympe de Gouges, formé du prénom de sa mère et d'un dérivé de son patronyme.
[...]
En 1786, dans la préface de sa pièce L'Homme généreux, elle écrivait : « Voilà comme notre sexe est exposé. Les hommes ont tous les avantages... On nous a exclues de tout pouvoir, de tout savoir. »
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En 1784, Olympe de Gouges est touchée par une pièce très contestée de Beaumarchais enfin représentée, Le mariage de Figaro. Elle en retient surtout la place primordiale donnée aux femmes montrées comme des êtres responsables et réfléchis, victimes de l'irresponsabilité des hommes « traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes! Ah, sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié ». Elle décide d'en faire une suite, Le mariage inattendu de Chérubin, en 1786, en mettant la condition féminine au centre de son intrigue dénonçant le mariage forcé (Jean-Jacques Rousseau avait déjà mis au goût du jour le mariage d'amour dans La Nouvelle Héloïse), le joug paternel et marital. Elle prône déjà la solidarité féminine. [...] L'idée d'une égalité naturelle entre les deux sexes était aussi défendue, entre autres, par Diderot, Condorcet, Helvetius ou d'Alembert dans son essai, Des femmes, de 1774 : « À l'égard des ouvrages de génie et de sagacité, mille exemples nous prouvent que la faiblesse du corps n'y est pas un obstacle dans les hommes. Pourquoi donc une éducation plus solide et plus mâle ne mettrait-elle pas les femmes à portée d'y réussir? »
[...]
[...] dès les premiers jours de la Révolution, la question de la condition des femmes est soulevée, poussée notamment par des hommes comme Condorcet dans son Essai sur l'admission des femmes au droit de cité en 1790 : « Tous n'ont-il pas violé le principe de l'égalité des droits, en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de concourir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité? » Il n'est pas écouté et le droit de vote des femmes n'est pas d'actualité. Très vite, Olympe de Gouges comprend que la mise en pratique de la Déclaration est loin d'être acquise et s'inquiète de voir que la contre-révolution, menée également par des femmes gagne du terrain. Observant la situation se dégrader, la répression se durcir avec la loi martiale et le tragique 17 juillet, Olympe de Gouges décide de prendre aux mots la Déclaration de l'Assemblée et de pousser la Constituante à prendre des mesures avec sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, le 14 septembre 1791, car pour elle « cette Révolution ne s'opérera que lorsque toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort, et des droits qu'elles ont perdus dans la société ».
[...]
Elle reprend tous les articles de la Déclaration de 1789 en les « féminisant », afin de montrer que la nation est effectivement bisexuée mais que la différence sexuelle ne peut être un postulat en politique ni dans l'exercice de la citoyenneté. Elle met alors la Révolution face à ses insuffisances puisqu'elle n'aboutit pas à ce qu'elle a promulgué. Par conséquent, elle demande le droit de vote et l'éligibilité pour tous dans son article premier, revendiquant ainsi pour les femmes un véritable statut de citoyenne active et l'égalité de droits pour l'accession à tout emploi et à toute dignité. Olympe de Gouges revendique également la liberté de parole [...] Cette liberté d'expression est également à l'origine de sa formule restée la plus célèbre : « La femme a le droit de monter à l'échafaud ; elle doit avoir le droit de monter à la tribune. » Les femmes n'étant pas considérées conne des sujets juridiques, elles sont alors sanctionnées par des lois sur lesquelles elles ne peuvent s'exprimer et qu'elles doivent pourtant subir. Ces lois sont faites uniquement par des hommes et ne prennent pas en compte les besoins, les désirs et les opinions des femmes, ce qu'Olympe de Gouges considère comme la plus grande injustice.
[...]
La possibilité du divorce par consentement mutuel sera l'autre grande avancée de la Révolution pour la condition féminine en 1792, mais il sera très vite dénoncé, en 1795, et aboli en 1816. Partiellement restauré en 1884, il ne redeviendra possible qu'en 1975.
[...] comme le justifie Talleyrand en 1791 : « Si nous leur reconnaissons les mêmes droits qu'aux hommes, il faut leur donner les mêmes moyens d'en faire usage. Si nous pensons que leur part doit être uniquement le bonheur domestique et les devoirs de la vie intérieure, il faut les former de bonne heure pour remplir cette destination. »
Voulant pourtant œuvrer pour le « bonheur public », Olympe de Gouges ne s'était pas fait que des amis. Bien qu'elle ait toujours agi par patriotisme, on lui reproche certaines de ses idées, comme la dernière exprimée dans sa brochure du 19 juillet 1793 : Les Trois Urnes ou le salut de la patrie, par un voyageur aérien : elle y demande que chaque département puisse choisir le type de gouvernement qu'il souhaite, afin d'éviter la guerre civile qu'elle redoute. Or, le 29 mars, une loi avait été votée proclamant la République une et indivisible, et punissant de mort quiconque demanderait le contraire. Dénoncée avant même d'avoir pu placarder sa brochure, Olympe de Gouges est arrêtée le jour même. C'est donc en qualité de femme de lettres qu'elle comparaît devant le tribunal révolutionnaire et en tant qu'auteur de ses écrits qu'elle est condamnée à mort, sans jamais les renier.
Le 3 novembre 1793, alors qu'elle arrive à la Place de la Révolution, elle aurait prononcé ces mots : « Fatal désir de la Renommée, pourquoi ai-je voulu être quelque chose? » Elle avait voulu être la personnification de cette divinité allégorique, avoir cent yeux, cent oreilles et cent bouches pour tout voir, tout entendre et tout raconter. Mais d'autres pensaient autrement et, juste après sa mort, on pouvait lire dans La feuille de Salut Public : « Elle voulut être homme d'État. Il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d'avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe. »
[...] sa célèbre formule de l'article X de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne devint la devise du mouvement féministe du XIXe siècle. Dans son Almanach des femmes de 1853, Jeanne Deroin, rappelant les événements de 1848, écrivait : « Plusieurs ont dû, à l'exemple d'Olympe de Gouges, payer de leur vie même leur dévouement à la justice et à la vérité. »
[1] Olympe de Gouges, Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne, Éditions Mille et une nuits,
Fayard © 2003.
Mis en
ligne sur le site Histoire en Ligne, page consultée le 17 mai 2008 :
http://www.histoire-en-ligne.com/article.php3?id_article=154
« La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » Femme de lettres et de tête, Olympe de Gouges (1748-1793) s'illustre dès les premières heures de la Révolution par ses idées de réforme. Devant l'Assemblée constituante, elle réclame l'égalité des sexes. Avec sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), son œuvre la plus célèbre, cette première théoricienne du féminisme reprend point par point la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1789 en une inversion parodique : « La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. » Son texte, à l'instar de son exhortation finale, « Femme, réveille-toi », garde une étonnante actualité.
[2] Mis en
ligne sur le site Histoire en Ligne, page consultée le 17 mai 2008 :
http://www.histoire-en-ligne.com/article.php3?id_article=195
[3] Extrait de Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Mille et une nuits, Fayard © 2003, pages 42 à 55.
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